Répondre à cet article Répondre à cette lettre
Liste des textes  Liste des articles
Le silence du Aleph

Alef est muet, sa prononciation est inexistante, elle ne vaut que par les points voyelles qui l'accompagnent.
Cette annulation de soi est le véhicule idéal pour " exprimer " l'inexprimable, l'inaccessible. c'est pourquoi elle sera la première lettre des " 10 paroles ", la lettre initiale de Anokhi (Je) qui exprime l'Etre Divin, supérieur à tous ses noms.
Ce mutisme, cette transparence, seront le symbole de la transparence à laquelle on parvient par l'affinage de soi.
C'est pourquoi, associé à Dam le sang, aleph fait Adam, l'homme.

A la sortie d'Egypte, les hébreux étaient encore esclaves de leurs pulsions. Le midrash parle de Moïse qui eut plus envie, la deuxième fois que les hébreux se plaignirent de la soif, de frapper que de parler à la pierre. Combien de fois ne ressentons-nous pas la même chose, l'envie de frapper plutôt que de parler !… Après une période d'affinage de 49 jours, ils parviennent au Sinaï, et reçoivent la révélation de la Torah, qui fait d'eux, par l'ajout de l'aleph divin, des Adam, des hommes capables d'assumer leur mission de porte-paroles (parlants) de Dieu sur terre. Associé à Par (Taureau), le aleph complète le mot Efer (cendre) : ce taureau est le symbole de la force brutale et irraisonnée, la Guévourah (force) dans tout son déchaînement incontrôlé, et non la rigueur contrôlée tournée vers la structuration.
Le total de PAR (280 =80+200) est le même que celui des cinq lettres finales (mem - noun - tsadik - Pé - kaf) qui symbolisent la plus grande rigueur car elles limitent le mot de manière définitive.
Avec le Alef qui représente l'annulation du moi devant l'infini, cette rigueur s'adoucit et ne conserve plus que ce qui en fait son aspect positif. En fait, tous les êtres étant composés de quatre racines fondamentales (feu, air, eau, terre), les trois premières s'en dissocieront sous l'action du feu divin, il n'en restera plus que le minéral proprement dit (la terre) en l'occurrence la cendre (les deux mots sont proches en hébreu : Afar (poussière) - Efer (cendre)
C'est avec cette cendre, composante essentielle de l'être, sur laquelle le feu n'a plus d'emprise, mélangée à l'eau de la source, que l'on purifiait les impurs (Autrefois on se servait de cendre pour laver le linge).
Rumi, célèbre poète soufi, parle des " trois C " : Cru, Cuit, Calciné. Il dit : " j'ai été cru, j'ai été cuit, je suis calciné. " Nous sommes des " durs à cuire ", mais D. nous cuit quand même.
Le passage par le cœur en cendre peut nous faire renaître, tout comme le phœnix renaît de ses cendres.

Associé à MAR (amer) le aleph complètera le mot Amar (dire). Car dire, s'exprimer, communiquer, libère de l'amertume de la solitude. De plus, ce verbe indique le " parler doux " par opposition à DABER " parler rigoureux ".
Associé à METH (mort), le aleph complètera le mot Emeth (vérité) qui est éternelle par définition, puisque ce qui est vérité ne s'annule jamais et se transmet sans modification ou usure en tous lieux et en tous temps.
Alef symbolise le Keter (" couronne "), la volonté surplombante, supérieure aux Attributs, donatrice de vie à la Hochmah qui la répartit entre les Attributs. Le Kether est parfois appelé Ayin (" néant ") car il est inconcevable. Et la Hochmah prend sa source dans ce néant.
Par extension, cette lettre désigne la Hochmah elle-même et particulièrement son aspect profond.

Le Saint ayant choisi le beith, pour commencer la création, aleph ne se présenta pas. " Aleph, aleph, pourquoi ne t'es-tu pas présentée devant moi ? ", lui dit-il. " Maître de l'Univers, voyant toutes les lettres se présenter inutilement, pourquoi me serais-je présentée aussi ? Ensuite tu as déjà accordé à Beith ce don précieux, j'ai compris qu'il ne sied pas au Roi céleste de reprendre le don qu'il a fait à un de ses serviteurs pour le donner à un autre ". " aleph, aleph, bien que ce soit Beith dont je me servirai pour la création du monde, tu seras la première de toutes les lettres, et je n'aurai d'unité qu'en toi, tu seras la base de tous les calculs et de tous les actes faits dans ce monde, et on ne saurait trouver d'unité nulle part, si ce n'est dans la lettre aleph ".

Cet article vous intéresse ? Cliquez ici pour télécharger l'article complet.

Rachel Cohen
Répondre à cet article Répondre à cette lettre
Liste des textes  Liste des articles
Rachel COHEN © 2004 - All rights reserved